Ioan Sbârciu, Georgeta-Olimpia Bera, Alexandra Mureșanu - présents au finissage « Dévoreurs de lumière »

2 décembre 2022, 19h00 - Finissage de l'exposition « Dévoreurs de lumière »
Lieu : Galerie Macadam de l'Institut Culturel Roumain de Paris, 1 rue de l'Exposition, 75007 Paris
Invités : Ioan Sbârciu, Georgeta-Olimpia Bera, Alexandra Mureșan
Evénement en marge de la Fête nationale de la Roumanie


Venez rencontrer l'Ecole de Peinture de Cluj, racontée par les artistes plasticiens Ioan Sbârciu, Georgeta-Olimpia Bera, Alexandra Mureșan, à la Galerie Macadam de l'Institut Culturel Roumain à Paris !

Vendredi, le 2 décembre 2022, à 19h00, au finissage de l'exposition « Dévoreurs de lumière », nous vous invitons à la rencontre avec les artistes plasticiens Ioan Sbârciu, Georgeta-Olimpia Bera, Alexandra Mureșan, représentants de l'Ecole de Peinture de Cluj. L'exposition présente une série d'œuvres inédites, réalisée spécialement pour cette exposition (peinture, dessin, verre, installations hybrides) et reste ouverte pour les visiteurs de Lu-Ve de 10h à 18h, jusqu'au 2 décembre inclus, à la Galerie Macadam de l'Institut Culturel Roumain à Paris. Commissaires : Georgeta-Olimpia Bera et Aurel Codoban.


« Situé à la confluence entre les médiums d'expression plastique et appliqués, le projet d'exposition se concrétise dans des représentations en deux et trois dimensions de la peinture, du dessin, du verre et des installations hybrides. La collaboration entre les trois artistes, Ioan Sbârciu, Georgeta-Olimpia Bera, Alexandra Mureșan, lance différentes postures du visible, à travers une apparente confrontation d'univers possibles.

Les milieux artistiques coexistent en effet, tant par l'autonomie des transpositions que par la nature des interférences entre les œuvres, conséquence du déploiement dans l'espace. La lumière, composante indispensable de l'observation elle-même, devient à son tour une forme intériorisée, illusoire, qui s'active par des procédés tantôt ludiques, tantôt dramatiques et qui provoque peu à peu des sensations dont le spectateur n'a pas pleinement conscience. Le geste d'élucidation en profondeur est ainsi décrit comme un processus en soi, comme une forme de documentation des interdépendances spatio-temporelles et des connexions qui s'opèrent à travers l'interconnexion de l'expression, de la forme, de la couleur et de la matérialité. » (Georgeta-Olimpia Bera, commissaire d'expositions)

« Dévoreurs de lumière circonscrive un espace sémantique généreux pour une exposition d'art. De plus, c'est une métaphore inspirée sur laquelle on peut facilement fonder une mythologie dans la veine du Livre des êtres imaginaires de Jorge Luis Borges. Ce que fait Alexandra Mureșan, avec ses yeux immenses et autoritaires. Mais commençons par le commencement : ‘Et Dieu dit « que la lumière soit ! » Et la lumière fut. Et Dieuvit que la lumière était bonne, et Dieu sépara la lumière des ténèbres.’ (Genèse 3,4). Il est difficile d'imaginer un monde où la lumière et les ténèbres ne sont pas séparées, elles coexistent dans une sorte de ‘apeiron’ où elles n'ont pas de limites internes. Séparément, ils sont faciles à concevoir, ensemble seul Ioan Sbârciu peut les ‘dévorer’ dans ‘La forêt de cendre / Pădurea de cenuşă’. Désormais le monde est ‘presque visible’ et libre, car il n'est pas encore coulé dans les formes, ‘compris’ dans la couleur. Ce nouveau monde est le terrain de jeu d'Olimpia Bera.

Certes, si on les juge à l'appétit avec lequel ils façonnent le don de Dieu, la lumière, les trois artistes sont des insatiables, des ‘dévoreurs’, mais si on les apprécie selon nos exigences, selon les caprices qu'ils font devant la ‘nourriture’, et nous aimons les artistes ‘capricieux’, les trois sont définitivement des ‘goûteurs légers’. » (poète Ion Mureșan)

« Peut-être, plus que n'importe quelle théorie, la métaphore servirait à comprendre ce qu'est l'art aujourd'hui. Il est temps qu'au coucher du soleil de cette grande invention moderne qu'est la théorie, la métaphore ouvre plutôt notre compréhension sur ce que font les artistes. Et quel genre de métaphores pourrait nous aider le plus ici ? Évidemment, pour les artistes plasticiens les métaphores cognitives tournent autour de la lumière !

Nous ne sommes pas toujours conscients de la façon dont la lumière incroyable est liée aux gens. Avec la lumière, c'est comme le bruit d'un arbre qui tombe dans la jungle amazonienne sans personne autour - ce son n'existe pas ! Même avec la lumière - elle n'existe pas sans les gens. C'est la façon dont les gens perçoivent les ondes électromagnétiques. Et la façon dont ils décodent le monde, dont ils construisent la réalité.

Mais, comme le dit le poète Ion Mureșan, ‘la transparence n'est qu'un signe que Dieu permet la vue, pas qu'il la garantit’.

Étant humain, l'artiste a le droit de regarder, peut-être même plus que nous, humains, comme tous les humains. Mais d'où vient la différence alors ? La lumière est pour l'artiste son jeu et sa sagesse. Il joue avec la lumière et a la sagesse de proposer la réalité autrement - essentialisée, contestée, controversée, uniquement pour que nous puissions la regarder avec plus de liberté, c'est-à-dire libérée de jeux de réflexions et d'interférences trop nombreux, illusoires, voire faux. Il nous offre d'autres réflexions et interférences - entre techniques : jeu de lumière, détail, découpage, déformations etc., et déconstruit les établis en proposant de développer une observation de type kaléidoscope, par exemple. Chez lui, comme le dit le poète, le garant de regarder à l'extérieur, c'est regarder à l'intérieur.

La modernité, pour tout contrôler, a eu tendance à faire du monde un panoptique pour que tout soit visible. Le monde de la communication d'aujourd'hui a tout fait pour que chacun puisse tout voir. Mais avec cela nous n'avons atteint qu'un monde de communication autistique et tautologique.

Nous sommes comme des perles de verre qui, renfermées sur elles-mêmes, se réfractent rarement et ne reflètent que la lumière du monde.

Les artistes, cependant, sont comme des perles de verre du jeu du monde, qui ne reflètent pas, tout au plus réfractent la lumière du monde. Ils ne sont pas autistes car ils sont capables d'absorber la lumière. Ils métabolisent la lumière comme de mystérieux trous noirs. Et ils ne sont pas tautologiques car ils sont capables d'éclairer une réalité différente, comme Hawkins l'avait anticipé pour les trous noirs. Donc si on décode la réalité par la lumière, ils recréent une réalité par la lumière. Ils nous proposent une réalité qui leur est propre en codifiant la lumière. Des mangeurs de lumière, pour ne pas laisser les gens dans la lumière plate de la réalité, et des donneurs de lumière pour éclairer notre réalité autrement ! » (texte du professeur universitaire Aurel Codoban, UBB Cluj, essayiste et philosophe roumain, spécialisé en structuralisme français, sémiologie, herméneutique et philosophie des religions)